Liard

Lʼesthétique du chaos… Voilà qui résume assez bien le travail dʼArnaud Liard. Attentif à ce qui lʼentoure, lʼartiste sʼintéresse au hasard de la destruction, à lʼaléatoire des architectures meurtries par les bulldozers. Lorsque des murs abattus surgissent les fers à béton, tels des plantes invasives survivant à la démolition. Aux paysages déstructurés que lui évoquent ces trottoirs de goudron maintes fois rapiécés, aux textures des vieux murs ridés qui peuplent nos villes, de tout cela, Arnaud Liard se nourrit pour le retranscrire avec ses mots, avec ses gestes.

En écho à lʼart des estampes japonaises, les masses de ciment qui structurent ses compositions dessinent alors de nouveaux horizons

Des horizons lointains, imaginaires et paisibles, qui préfigurent du chaos à venir dans la ce qui lʼappel les « Les Nouvelles Natures Mortes »Ici, le parisien sʼinspire directement de lʼesthétique des démolitions urbaines afin de recréer de manière fortuite de nouveaux paysages, plus géométriques, plus bruts. lʼartiste sʼapproche encore plus de son sujet. Il zoom comme dans un objectif photographique et analyse les structures chaotiques nées de la destruction. Témoin des mutations architecturales de nos villes, Arnaud Liard observe tel un chercheur dans son microscope et retranscrit ces formes presque organiques qui surgissent dʼun sol de gravas, terreau dʼune nouvelle ère. Car la ville ne meurt jamais. Tatouée, balafrée, amputée, elle cicatrise, et de ses plaies naissent à chaque fois de nouveaux paysages.

Nicolas Gzeley